La pluie sur une tente

Ils se sont rencontrés sur le quai d’un traversier, au hasard de leurs vacances respectives. Elle débarquait de l’autobus, lui stationnait sa minifourgonnette modifiée pour l’escapade. Ils avaient tout de suite partagé leurs intérêts et conclu, d’un élan rustique, avec un projet de camping sur-le-champ. Jusqu’à lundi. Trois nuits.

La proximité n’incommodait pas les beaux inconnus. Au contraire, l’aisance s’est aussitôt transformée en idylle amicale. Leurs habitudes apparaissaient en toute liberté. Après deux jours, ils se devinaient. Sous le soleil du Cap-Breton, leurs quotidiens s’emmêlaient comme un nuage.

L’amour. Chacun mettait sa part de pudeur et de retenue afin d’éviter la question. Ils y pensaient l’un et l’autre, sans doute. Dans un respect immense comme le décor, ils ne provoquaient rien. Lui, comme elle, avait son histoire et ses fantômes.

Ainsi, dimanche, la dernière nuit, alors qu’ils étaient séquestrés dans la tente pour cause de tempête de pluie, elle se rapprocha enfin. Joue contre joue, dans le même sac de couchage, alors que la bâche battait au vent comme une aile de poulet, elle lui demanda si, peut-être, il pouvait l’embrasser maintenant.

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